l'impact du harcèlement scolaire

Il fait froid, il fait sombre.
L’odeur est très désagréable mais il est préférable que j’attende.
Là, dans les toilettes, situées au fond de la récréation.
Contre ma porte, j’entend les fracassements des cailloux qu’elles me jettent.
Leurs rires résonnent dans ma tête.
Quelque chose a changé en moi, je sens que c’est différent.
Un nouveau sentiment s’est emparé de mon corps qui tremble : la peur.

Les secondes puis les minutes passent.
Les bruits se sont tus, je peux sortir.

Je me dirige vers la sortie du lycée.
C’est allé trop loin, je crains de ne plus être en sécurité ici.
Je saute dans le premier train qui me ramène chez moi.

Surprise, ma mère m’ouvre la porte, je lui raconte tout.
Nous aurons rendez-vous le lendemain matin dans le bureau du proviseur.

J’ai les mains moites, le cœur qui palpite, je dois tout raconter.

Les insultes dans les couloirs, les plateaux repas que l’on me renverse à la cantine, les menaces, l’humiliation chaque jour dans la récréation.
La violence morale et parfois physique.

Je me sens mal à l’aise, bien que, dans le fond, je sais que ce n’est pas ma faute.
Je fais partie de cette catégorie de personne prête à aider son « ennemi ». 
J’ai toujours eu foi en l’Humain.

Mais, J’ai honte que tout cela m’arrive, d’être assise ici, dans ce bureau, face a cette dame, qui, je le sais ne peux rien faire pour moi.

Je dois les nommer, je refuse.
De toute façon, je ne les connais pas et elles sont bien trop nombreuses.
Vous connaissez l’effet de groupe 

La directrice me demande depuis combien de temps dure cette situation et pourquoi a-t-elle commencée.
Je lui réponds qu’il y a déjà plusieurs années que le harcèlement me suit.
Pourquoi ? je l’ignore.
Surement la différence, vous savez, celle qui dérange comme dirait la chanson.

La vérité, c’est que je me suis toujours senti en décalage avec ma génération.
Tandis que l’adolescence résonne pour beaucoup comme une période de rébellion, je suis pour ma part, en parfait accord avec mes parents.

Je ne me maquille pas, je ne prête que très peu d’intérêt à mon apparence physique.
Je n’ai de facilitées qu’en matières littéraires ce qui me pousse à me surpasser pour obtenir des notes correctes dans les autres matières.
Par choix, je décide de ne pas avoir de « petits copains ».

Sans le vouloir, je me suis exclue.
Cela n’a pas joué en ma faveur.
Pointé du doigt, on a cherché à me déstabiliser.

J’ai toujours eu la chance d’être entourée et d’avoir pu me confier à mes proches.
À la maison, j’étais respectée et acceptée telle que je suis.
C’est ce qui je pense m’a sauvée.
Ils m’ont donné la force de me battre pour ne pas perdre de vue qui j’étais vraiment.

J’ai toujours eu beaucoup de peine pour mes agresseurs.
Je suis extrêmement sensible et je ressentais leur détresse.
Je leur ai toujours pardonné leurs agissements.

Je suis convaincu que j’étais leur défouloir.
La bonne cible.
Je savais au fond de moi, que j’avais cette chance d’être entourée d’amour.

Le harcèlement peut être partout. Il peut te toucher, toi, qui me lis.
Il peut être réel ou virtuel
Il peut s’abattre sur ton enfant ou l’un de tes proches.

Il est plus facile pour un adulte de prendre du recul.
Mais lorsque nous sommes enfant ? en pleine période de construction, ça l’est beaucoup moins.

Soyons à leur écoute, pour entendre leur souffrance afin qu’il ne devienne pas un agresseur.
Semons en eux des graines.
Guidons-les et informons-les des conséquences de leurs actes.

Aujourd’hui, l’école est loin derrière moi.
Je pensais que tout étais oublié.
Il n’en est rien, j’ai vécu il y a peu, lors de l’exercice de ma profession, une situation similaire.
Une situation pesante ou l’effet de groupe a une fois de plus frappé.
Cela a ravivé mes blessures.

Seulement voilà, je n’ai plus 15 ans, je sais prendre du recul et regarder plus haut que cette bassesse.
Pourtant, au restaurant, vous ne me verrez jamais traverser la salle devant ces tables bondées de monde.
Au magasin, je baisse souvent la tête par reflexe.
Pour éviter, de croiser, la haine.

À présent, je suis maman, j’aimerai la mettre dans une bulle. 
Mais voilà, je crois en l’humain.
Je serai toujours à ses coté pour lui donner assez de confiance en elle pour affronter le monde.

J’aurai tant aimé, que l’on prenne ma défense.
Soyons conscient de nos actes, ne contribuons pas aux harcèlements.

C’est important d’en parler, ensemble on peut y arriver.

Commentaires

  1. C'est horrible ! Je sais que c'est quelque chose dont je vais parler à mon fils. Qu'il prenne conscience de la gravité du harcèlement et qu'il ne faut surtout pas faire ça! Et si ça lui arrive qu'il en parle comme tu l'as fait avec tes parents. C'est très dur, tu es très courageuse! Ta différence fait ce que tu es une femme formidable 😍

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